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L'humeur plurielle

11 avril 2006

L'humeur textuelle

2 - IL FAUT NOURRIR LA FEMME ET L'ORPHELIN

Que suis-je ? Cette vaste question poursuit et parfois assassine l'être humain, le torture s'il s'en donne la peine de l'enfance à l'âge adulte, jusque la vieillesse. Quand cet âge d'or arrive, il nous  sonne d'un retour de bâton pour que nous redevenions enfant. Alors quoi ? Ont –ils raison ceux qui ne se posent pas les questions ? Car au Que s'ensuit le Qui, puis le pourquoi et soudain le trop tard. J'ai passé trop de temps à me poser des questions. Etaient-elles si indispensables pour que j'en sois là : il faut nourrir la femme et l'orphelin.

Cette urgence me prend aux tripes et m'interdit toute interrogation sur mon être profond. C'est le début de la déchéance morale, la négation de l'âme. Elle me presse comme un citron dont le jus acide ne se fait plus que goutte à goutte. Je suis à court de jus. Le long chemin de ma connaissance se fait pertinent et assuré : je n'ai plus les moyens de ma prétention. J'en arrive à 33 ans à mieux me comprendre par la grâce de la souffrance et du dramaturge pour cette conclusion : il me faut m'oublier. Mon bateau est un radeau ballotté par les vents en haute mer, je ne suis pas seule à tenter de le ramener au port, pour peu que je m'y attache. Il y a l'orphelin.

Je suis dure parce que c'est une réalité crue. Son innocence de la fatalité économique et du jeu de carte truqué que nous avons en main lui confère encore son enveloppe de désir et de joie de consommation. Il ne sait pas que la représentation que je lui donne et dont il est si fière est au bord de l'effondrement. Maman n'a plus de travail, maman est en état d'alerte orange. Le feu va passer au rouge. Même vacataire, ce qui n'est pas encore dans son langage de 5 ans, Maman est professeur. Que c'est bon et doux à dire, maîtresse de grand. Alors ça aussi, c'est du bidon ?

Désolée mon fils, mais la vie est un bidonnage abyssal, il faut en rire ou en pleurer. L'enfant baigne dans l'illusion et se fracasse la cervelle quand les miroirs se brisent. Papa faisait semblant d'être heureux. N'y parvenant plus aux yeux de son fils, il est mort, s'est enfui au bout d'une corde. L'enfant était heureux et voilà, il se dit aujourd'hui que c'est pas bon d'être heureux, la chute est dure.

Je l'aime et l'entoure de mon impuissance, l'orphelin voudrait être Batman et parfois se transforme en Hulk tant la souffrance est lourde.

Sur la question Qui je suis en progression, aujourd'hui je stagne sur le Que. Juste mère : mon devoir est de nourrir et de loger l'enfant. Comme tant d'autres mères, comment ma pensée va-t-elle évoluer ? S'annihiler pour que mes gestes soit mécaniques et plus performants. Qu'elle se réduire à la seule volonté du gain, maigre en plus, des fins de journée et se rebranche sur les impératifs de la vie quotidienne : dépenser avec beaucoup d'attention et de rage enfantine le salaire. Pour le plaisir : nenni, c'est un luxe.

Le luxe d'exister si c'est ainsi qu'il faut songer ou être victime de luxation chronique des épaules à supporter trop de charges, seules ! Surtout lorsque des hommes fort en rhétorique sans qu'ils n'en sachent rien affirment que l'homme est essentiel à la femme et l'orphelin pour la décharger du poids de ses angoisses. Mais l'homme de par lui-même est une angoisse voir une charge électrique quand il s'y met. L'homme et son incapacité de ne pas être indispensable. Et là, il y a de l'entretien, pas verbaux (trop de remises en question !) mais politique et social, sacrément volontaire de cantonner la femme à sa culpabilité. Moyens et tarifs de garde exorbitant, cantines de même, salaires minima non grata. Il faut être soit en dessous du degré 0 et obtenir les allocations vitales ou être bien au-dessus, ce qui signifie un parcours d'études supérieures réussi et un travail à plein temps, à vous en mordre les doigts de ne pas voir les miracles de ce temps qui passe trop vite. Notre société offre le caméscope à ces cas particuliers.

Ceux du milieu sont donc des indécis et en payent les conséquences. Je suis pour le moment au milieu mais je sens la température baisser. Des choix se posent, inévitables, et m'enfoncent le marteau (pas encore la faucille) dans la tête : travailler pour « rien » puisque tout sera employé en frais de garde et scolarité, avec en prime un travail au combien peu passionnant,  travailler quand même pour rester une individu au sein d'un groupe social et persister à être intégrer, ou plutôt rester à la maison dans l'attente que l'enfant, qui n'y est pour rien, me rassure quand à son indépendance et me ramène à l'importance de mon Qui .

La société bidonnée fait des efforts, c'est évident. Il y a les programmes de réinsertion, des informations à la tonne. Au moins, aujourd'hui je suis au courant de toutes mes impossibilités. Les possibilités ne se trouvent en mon cas que dans le très long terme : je me suis informée trop tard ! Si j'avais su, c'est en travaillant que je me serais inscrite en ces programmes. Surtout qu'il faut des sous pour être le Qui profond qui ne peut que sommeiller en moi. Et ma propre désespérance ne suffit pas, je dois comprendre les méandres administratifs et devenir fin stratège pour planter mes crocs et correspondre aux critères des demandes de financement (sans garanties que cela m'apporte réellement la subsistance nécessaire à cette grave augmentation du coût de la vie, parce que les statistiques et le concret, on connaît, surtout depuis les élections ... ).

Je redeviens animale, celle que l'on me demande d'être si je veux Exister en ce monde : crocs et griffes sont de sorties. Le papa n'avait pas de griffes ni de crocs, il était si loin de cet état d'esprit que j'imagine à quel point cela devait lui faire mal. Une lutte incessante pour rester fidèle à son intégrité et cette vie qui en profite pour vous poignarder. La vie, certains humains, nomment cela faiblesse. La faiblesse d'être droit, loyal, honnête, de ne pas chercher la haine ou le conflit, entre autre. Alors oui, bidonnez-vous les humains. Il est mort d'être un Homme et de ne pas répondre à la vilenie qui l'asphyxiait de plus en plus.

Il me reste mon Que, relancé par les discours d'insertion : en attendant que l'eau coule sous les ponts pour que le possible en émerge, IL FAUT NOURRIR L'ORPHELIN.

Ecrit par Alice Duval. 2004.

3 - MONDE SYMBIOTIQUE

Le monde n'est pas un monde. C'est une somme d'individus parasitaires, quelques-uns se font hôtes, d'autres sont virales et vous laissent les chairs à vif, pour le plaisir ou une nécessité prétexte à la jouissance la plus immorale soudainement justifiée.

Je suis dans le monde, je suis une parmi tant. Je suis une et ne me sens rien. Les bulles de savon n'existent que pour les enfants, je n'en vois plus que leur aspect fragile et douloureux de ne pouvoir m'y enfermer, je n'en perçois plus que l'éclatement inévitable, celui qui ne me fait pas rire aux éclats.

Je rejette le monde comme il me rejette. Je ne l'envie pas. J'aime le sentir dans sa nature profonde et pourtant, je le fuis, je l'exècre de se laisser salir ainsi, j'en rajoute lorsque je cède.

Etre seul nous rend fou et être ensemble peut nous tuer. Quelle est l'échappatoire ? Celui d'être sans âme, vide et inconstant.

Quel est le monde des fous ? Celui de la faiblesse, de la peur, la retraite de quelques bien-pensants. Les autres sont trop fous !

Quel est mon monde ? Toujours à la frontière, l'être et le ne pas être, la souffrance toujours.  Celle de l'observation, de la compréhension, de l'action, de l'impuissance. L'épuisement de la résistance, son effilochement ressenti, le fatalisme nauséeux contre l'optimisme gerbeux. Encore du refus. A quoi mène le refus comme la croyance ? A nous-même, quand la vie est prête pour sa fin.

Je me suis trouvée mise dans ce monde. J'espère avoir bien hurlé parce que mon souffle se perd.

Les humains inhumains. Ce deuxième terme nous sied mieux et devrait avoir la place du premier choix. Je dois leur ressembler pour survivre. Je ne le peux, il y a trop d'amour en moi.

Pourquoi ? Par manque. J'en saisis ainsi l'essence et le précieux, la richesse du pauvre, le malheur du monde.

Un grain de sable dans le désert : deuxième vocation de vie, les autres étant inconnues ce qui fait toute l'utilité de la race inhumaine dans l'évolution de l'univers. J'ai froid et la température terrestre se réchauffe !!!

Je couvre mon fils et le veille contre les voleurs d'instants et de vie, pour que la nuit soit encore douce. Je me couvre et me serre dans mes bras, position fœtus. Les limbes se sont déchirés un jour de novembre, jamais je n'ai pu retrouver la paix. L'étais-je en ce temps là ?

Je veux qu'il garde ce sentiment, mon atmosphère est son abri infaillible. Je suis orgueilleuse et me voudrais humble.

Je me retire en mon monde symbiotique.

Ecrit par Alice Duval. - Juin 2003

1 - LE SPERME DU VENDREDI

Lorsque les larmes ont cessé de couler, le sel brûle encore les yeux et la sécheresse arrive. Elles s’enferment, s’immiscent en des interstices dévastateurs. L’eau, miracle chimique, se fait acide. Le soufflet brasse, ce remoud régulier parfois parvient à s’extirper. L’eau glauque se couvre de rouille, les allées et venues libidinales se vautrent dans les toilettes, mains crantées sur le ventre. Elle dégorge tout ce qu’elle ne peut plus qu’exprimer qu’ainsi.

Elle s'est fait mon propre mal, qui lui est bien propre, et Il a participé, comme ceux de l'Avant. Le problème, c'est qu'Il est de l'Après. Mais Il confronte Lola à sa conscience. Finalement, si elle en accuse ses défenses vomiques de Candide, c'est au demeurant une expérience positive. Il l'aide, en quelque sorte, homéopathe sans douceur.

Lola souffre et se venge comme elle le peut, avec ses maigres moyens, qui, de plus, n’aiment pas ce mot sans gloire : la vengeance. C’est trop pathétique, et dans ce portrait, là encore, Il acquiesçait. Tout se lâche, même ce mot Lui va bien, Il s’y retrouve. S’ajoute le ridicule. Il ne manquait que cela. Le ridicule du rien. Car l’aventure n’en était pas une, c’était bref, inconsistant. Alors, vraiment, posons les choses : la vengeance du rien, c’est ridicule.

Il va être papa. C'est si douloureux pour Lola qui n'est pas la femme. Il n'y aura plus d'enfant en elle. Plus de représentation de ce que peut être le vécu d'un cocon familial. L'homme, la femme, l'enfant, l'amour et la tendresse,  la dualité face à l'adversité. Elle ne peut qu'imaginer ce bonheur qui L'accapare, Le transcende, sans y être la moindre graine. Il a eut ce qu'Il voulait, le reste n'a pas d'importance : l'Autre lui est acquise et sans effort. Ils sont accros, font de leur âtre un pigeonnier. Il roucoule tandis qu'Elle piaffe. En bon pigeon voyageur, Il évite l'écueil du coq même s'Il en garde la vigilance. Et du reste, Il n'a pas les plumes. Juste la gauloiserie du tréfonds qui s'échappe lorsque la raffinerie travaillée s'écaille. Comme le vernis des femmes dont persiste l'éclat rustique malgré une superficialité à fleur de peau. Lui s'en fout du vernis, c'est une bonne salariée, radine comme il faut, qui baise peu mais il y a des palliatifs. Il veut le confort et la sécurité, et ils seront de bons retraités. Il fera le chien pour varier un peu le quotidien, Il maîtrise bien cet animal, toutou à sa mémère, roquet mais par-dessous. Il en profite : Il ne peut le faire qu'ainsi, sinon Au Panier, Couchez. Remarquez, en laisse, cela doit lui plaire, tout de même, à ce point. Lola n'aime aucun de ces attirails, pourtant, elle l'aimait Lui tandis qu'Il se remettait à minauder en cage. Son ego doit mieux s'y sentir. Au pire, malmené, il se dilue dans l'alcool.

La médiocrité a trouvé son emblème. Elle est son étendard. Ils se portent bien haut, à bout de bras. Ils se ressemblent et s'assemblent, jusqu'à se haïr de voir en l'un le reflet de l'autre. Si Lui a la facilité d'être bellâtre, l'Autre a le pouvoir de la science d'être mère. La société est comblée.

Sa vie va enfin avoir un sens, semble t-il.

Les larmes reviennent. Ce n'est pas tant Lui qui fait si mal. Son trouble la tenait à distance. Ce sont les procédés. L'accumulation de preuves amenuisant lamentablement la présomption d'innocence, l'espoir que l'homme se révèle autre, que sa raison l'emporte et non sa déraison. Une fois, au moins. Mais le fait est avéré, il n'y a rien à espérer de la nature humaine. Le doute n'a pas lieu d'exister. Tout est fausseté, manipulation, force et dépendance, l'orgasme du puissant consommateur non éthiquetable. Le ça dans tout toute sa Suprématie. Finalement Cet homme heureux d'être vieux jeux est très actuel.

L'enfant sera poisson, le sperme du vendredi, à tout prix.

    Ecrit par Alice Duval – Avril 2004

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11 avril 2006

l'humeur en vrac

MEZCALIBUR

C’est une bouteille qui lui saigne la main

Aussi vide que pleine, à moitié consommée

D’avant en arrière, piquée par son venin

Triste rage de ne pas être l’Aimée.

Une musique entraînante pour éviter de penser

C’est la fête ce soir, besoin d’une java illusoire

Autant les sons la pénètrent en aiguilles à tricoter

Que le fard kaléidoscopique se trame en encensoir

Les hommes toisent alors son étourdissement

Gambergent du fond d’un esprit sans esprit

C’est une  proie au facile déhanchement

Mais leur superbe est blessée, repartent-ils déconfits…

Elle allume des feux presque par mégarde

Absorbée, sans savoir comment les éteindre

Elle refuse de voir les œillades qui s’attardent

Et se délecte d’une rasade pour ne rien craindre

Comme un affranchissement

De son mal incarné,

Plus de retenue aux percussions sans leurre

La nuit se moque de la bonne société

Elle ne désire que l’alcool de serpent

Comme une morsure à ceux qui l’ont rejetée

Sérum en main, magie noire aux dons provocateurs.

Le plongeon matinal au coeur des bulles d’un coca rongeur

Un sourire incertain, acolyte incontournable de ses cernes

La tendre femme de jour à contre-jour, modeste blondeur

Se retrouve à forte tonalité au fond d’une taverne

Méditant sur l’épée la transperçant sans douleur

Trop de mal à y croire, un chevalier des Temps Modernes

Trop de mal, se prépare à un autre mezcal ravageur.

Ecrit par Alice Duval  - Juillet 2001

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